Le Forum Mondial des Médias Libres est né dans le cadre des Forums sociaux mondiaux à travers la rencontre entre activistes militant en faveur de la liberté d’expression et de la lutte pour une autre forme de communication. Ces activistes étaient impliqués à l’histoire des innombrables expériences et luttes menées par les médias indépendants.
La première édition du Forum Mondial des Médias Libres (FMML) s’est déroulée en 2009, au FSM de Belém, avec le slogan « mobiliser pour communiquer, communiquer pour mobiliser ». En 2011, au FSM de Dakar, le mouvement a fait la promotion d’une assemblée de convergence sur le droit à la communication. Le deuxième FMML a eu lieu en 2012 lors du Sommet des Peuples de Rio+20, et a approuvé les recommandations destinées au mouvement, comme la défense d’une règlementation en faveur de médias démocratiques et le rôle central de l’appropriation technologique et des technologies libres. Enfin, le 3e FMML, organisé à Tunis en 2013, a amorcé une réflexion sur la nécessité d’un cadre commun de principes et de luttes pour l’organisation de ce champ, ce qui a découlé sur la proposition d’élaboration d’une Charte Mondiale des Médias Libres.
Après cinq forums régionaux entre 2008 et 2014, trois éditions mondiales (Belém 2009, Rio de Janeiro 2012 et Tunis 2013), le Forum Mondial des Médias Libres se veut un espace pour élaborer de nouvelles formes communes d’engagement autour de l’information et du droit à la communication. Il vise à devenir pour ses différents actrices et acteurs un espace de mobilisation du mouvement international permettant de transformer le système mondial de communication.
Démocratisation de l’information
Dans un monde où la production d’information abonde, mais où l’accès à une information plurielle, critique et diversifiée est de plus en plus difficile, le FMML a été mis sur pied pour explorer des pistes et des alternatives qui garantissent aux citoyens le droit à la « communication par tous et pour tous ».
Une telle démocratisation de la communication est fondamentale, car nul projet de démocratie ne peut être crédible et pérenne sans elle. Cela [projet de démocratie] passe avant tout par une appropriation, par chacune et chacun, des moyens d’information et de communication.
La médias libres, y compris l’activisme sur les réseaux sociaux, jouent un rôle capital pour diffuser des informations recueillies directement sur le terrain. Ils montrent les limites et la partialité du discours des médias traditionnels. L’exemple le plus récent concerne la couverture du conflit israélo-palestinien. Les médias libres ont contribué – par exemple – à déconstruire des arguments historiques sur ce qu’est le « terrorisme » ou le « droit de se défendre».
Les différents récits d’attaques, souvent réalisés par les victimes de ces attaques, qui sont présents dans les colonnes des médias libres, tout comme les articles donnant la parole à ceux qui n’ont jamais eu de place dans la presse traditionnelle ont également conduit à un besoin de changement dans la couverture de certains événements faite par les médias traditionnels. Toutefois, étant organisés en grands groupes d’entreprises ayant des intérêts économiques à défendre et un certain pouvoir de pression politique sur les gouvernements et les institutions, dans quelle mesure les grands médias peuvent-ils se tourner vers leur propre démocratisation?
La marchandisation de l’information, des outils de sa production et de sa diffusion sont un grand obstacle à la démocratisation de la communication. La logique des grands groupes de médias et des logiciels propriétaires est la même – la rentabilité financière – et cela va à l’encontre à l’idée de la libre circulation des savoirs et de la connaissance.
L’accès à l’information peut apporter des solutions aux problématiques sociales, économiques et environnementales auxquelles nos sociétés sont confrontées, car sans information, pas de mobilisation, pas de changements, pas de débats, pas de construction critique.
Réseaux libres
Ces dernières années, les progrès réalisés dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, principalement Internet, ont ouvert de nouvelles possibilités de partage des connaissances, de formation de réseaux d’activistes et d’organisation de manifestations dans différents pays. La société civile s’est donc appropriée ces nouvelles technologies pour les utiliser notamment dans les radios et télévisions indépendantes présentes sur Internet, les blogs, les réseaux sociaux, les plate-formes de partage de fichiers audio et vidéo, les journaux et magazines électroniques.
Par ailleurs, les activistes de la communication développent des logiciels libres et des interfaces web comme alternatives aux logiciels et services commerciaux. Depuis lors, le nombre de groupes défendant les médias alternatifs et l’interconnexion entre des groupes situés dans différents endroits du monde ne cesse de croître.
Actuellement, dans le cadre des médias alternatifs, on trouve à la fois une grande variété d’acteurs, mais aussi, de plus en plus, un intérêt croissant de travailler en partenariat, au-delà des frontières et des différentes formes d’activisme médiatique (radios, TV, bloggueurs, journalistes, etc.).
Dans ce contexte, le Forum mondial des médias libres propose la création d’une charte. Il s’agit d’un document global définissant des concepts, établissant des références, une méthode de mise en œuvre et d’adhésion. La charte peut également servir de base pour des documents thématiques et régionaux spécifiques. Sa proposition d’élaboration et sa méthodologie de validation suivent une approche participative et démocratique. Le texte sera mis à disposition pour une consultation en ligne, ouverte à toutes les personnes intéressées. Dans le même temps, des événements régionaux sont organisés au long de l’année 2014 au Brésil, au Maroc, en Tunisie et en France. Soit autant d’opportunités pour approfondir le débat portant sur la première version de la charte et les questions régionales. Sa version finale sera adoptée en Tunisie en 2015, lors de la 4ème édition du FMML.
La seule façon de fournir de l’information impartiale est de s’ouvrir aux innombrables voix, qui ont leurs propres médias, leurs propres parti pris et leurs propres réseaux. Il est nécessaire qu’elles aient accès à la sphère publique toute en étant protégées par des instruments juridiques qui garantissent une véritable liberté d’expression; réelle, pleine, multiples et diverses.
Le Forum Mondial des Médias Libres cherche à accéder à ce droit universel à la communication et il constitue en soi, un mouvement qui rassemble tous les mouvements visant la transformation et la démocratisation des sociétés. Le Forum Mondial des Médias Libres est constitué et porté par des médias issus de la société civile engagées.