Un rapport des Amis de la terre accuse la BNP de vouloir aider au financement d’un projet de terminal d’exportation d’hydrocarbures non conventionnels au Texas. Outre un manquement aux engagements pris après les accords de Paris, ce sont tout d’abord les populations locales qui pourraient pâtir tant au niveau sanitaire qu’écologique de cette construction.
L’association des Amis de la terre en collaboration avec Rainforest Action Network et Save RGV from LNG (Save Rio Grande Valley from liquefied natural gaz), une association du Texas, a publié ce mercredi un rapport (voir ci-dessous) qui soupçonne la banque française BNP Paribas de financer en catimini des projets liés aux énergies fossiles. Celle-ci aiderait ainsi au montage financier d’un terminal d’exportation de gaz de schiste (Texas LNG) dans la vallée du Rio Grande, sur la côte sud du Texas « pour un coût d’environ de deux milliards de dollars ». Pour l’ONG le rôle de la banque serait primordial, au point qu’en cas de retrait de cette dernière : « il y a peu de chance que le projet puisse être mené à son terme », explique Lucie Pinson des Amis de la terre. Pour rappel, Texas LNG fait partie de l’un des soixante projets de terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié pour écouler à l’étranger la surproduction de gaz de schiste « made in Amérique du Nord ». Pour l’ONG, cette nouvelle dérive serait donc inacceptable : « C’est au nom du climat que BNP Paribas a adopté des engagements de réduction de ses soutiens au charbon. Mais agir comme s’il suffisait de stopper certains financements au charbon pour respecter l’objectif climatique de 1,5°C est au mieux une erreur, au pire une escroquerie. Non seulement toute nouvelle infrastructure fossile est aujourd’hui incompatible avec l’Accord de Paris, mais Texas LNG contribuerait à émettre autant de CO2 que 3,5 centrales à charbon, voire 7 en incluant les émissions de méthane. BNP Paribas doit immédiatement s’en retirer et adopter une politique qui exclut de ses soutiens tout nouveau projet d’énergies fossiles, et en particulier ceux de terminaux de gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis ».
Le projet détruirait des sites archéologiques d’une extrême importance
Le rapport souligne aussi que le soutien de la banque remet en cause son engagement envers les Principes de l’Equateur (cadre de gestion des risques sociaux et environnementaux dont la banque est signataire). Ainsi, l’absence de consultation par l’entreprise Texas LNG de la tribu amérindienne Carrizo/Comecrudo, mettrait en danger, voir détruirait, des sites archéologiques d’une extrême importance. Les associations appellent donc BNP Paribas à ne pas commettre de nouveau les erreurs faites pour le Dakota Access Pipeline et à se retirer immédiatement du projet. Face à ces accusations, la banque silencieuse dans un premier, serait selon certaines sources, prête à engager le dialogue, prétextant à ce stade une méconnaissance du dossier. Elle serait aussi sur le pont pour mettre en place une politique plus stricte quant à ses investissements futurs, notamment en ce qui concerne les énergies non conventionnelles. A suivre.
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