Réappropriation stratégique de la technologie en tant que forme d’intervention politique

(26/01/2012 Porto Alegre) Pendant la rencontre qui s’est déroulée à la Maison de la Culture Mario Quintanta, Javier Tonet, l’un des créateurs du site n-1 (https://n-1.cc/) et articulateur du mouvement 15M à Barcelone, a expliqué que dans le contexte actuel de crise du capitalisme financier, de tension sociale et de digitalisation, un « germe de démocratie électronique » est en train de se développer, et cherche à « se réapproprier la technologie » pour générer un « contrepouvoir ».

L’Espagnol a fortement critiqué le « capitalisme cognitif », avec ses produits corporatifs comme Google, Facebook, Twitter, pour « s’enrichir avec nos informations » et appelle les mouvements sociaux à utiliser leur « intelligence collective » pour créer des outils technologiques libres et autonomes avec une plus grande privacité, dont la conception permet l’activisme politique. Cependant, il a précisé que, de la même manière que lors du 15M, le software libre peut être complété par un « usage tactique des réseaux sociaux commerciaux : non seulement il faut organiser des événements dans facebook, mais il faut aussi « faire sortir dans la rue Internet » et, avec une stratégie communicative claire, « rompre le silence médiatique et le blocus de l’empire télévisuel ».

« L’activisme a gagné la force de la technologie », a concordé le sociologue Sergio Amadeu da Silveira et il a cité en exemple la journée du 18 janvier passé, quand les hackers et les militants sociaux « ont fusionné » lors d’une protestation massive virtuelle, en bloquant le réseau opératif des cartes de crédit. Cependant, il a précisé que cette nouvelle manière de manifester est « légitime », raison pour laquelle elle ne doit pas être prise comme une « guerre virtuelle » puisqu’il s’agit d’un « outil » utilisé pour « une démocratie plus interactive ».

Da Silveira a détaillé qu’il y a encore peu de temps, le software libre était un outil collectif “sans aucun degré de politisation”, mais qu’à partir de la crise globale, les hackers se sont unis aux activistes. « Les mouvements sociaux ont besoin de se digitaliser pour combattre les grandes corporations commerciales transnationales qui gèrent et contrôlent le réseau », argumente-il.

De son côté, Pablo Capilé de Fora do Eixo, a précisé que hacker c’est « tirer le plus de profit possible des actifs » dans le cadre de la logique des réseaux du XXIème siècle. « Il faut pénétrer les structures pour atteindre les objectifs », explique-t-il et il fait une différence entre cette nouvelle « logique d’occuper des espaces – dans laquelle le prolétariat actuel n’a pas de patron » et les vieux paradigmes « ami/ennemi » qui caractérisaient les luttes sociales des siècles précédents.

Sur la même lignée, Vicente Jurado, membre de our.Project.org, a signalé que « le fait de hacker de manière simultanée et globale est nécessaire pour réussir des échanges structurels » et il a recommandé aux activistes de « chercher les fissures du système ». De plus, il s’est demandé comment faire pour « créer et protéger de nouveaux biens communs ». Une option serait de « favoriser le travail en commun des philosophes, juristes et techniciens ». Selon lui, ce travail est indispensable et c’est dans ce dernier que l’on doit le plus innover pour réussir des outils que le gros de la population puisse utiliser sans dépendre des informaticiens. « Il est important de développer des outils simples pour que la majorité des gens cesse d’utiliser les produits des corporations et opte pour de nouveaux modèles décentralisés qui favorisent la culture libre », a-t-il soutenu.

Enfin, Da Silveira a signalé que “rares sont les entreprises qui fabriquent des technologies stratégiques” et que la « bataille pour la liberté de connaissance est également technologique », raison pour laquelle le savoir et l’utilisation de ces outils digitaux doivent se répandre.

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