Le rêve de la centaine de sans-papiers, qu’en 2006 avaient occupé un
bâtiment à Marseille pour demander la régularisation administrative
pour tou-te-s, a été finalement accompli: le 4 février, sur l’île de
Gorée (île symbole de l’esclavage, lieu de départ de la traite des
africains vers les Amériques), on a proclamée la Charte Mondiale des
Migrants.
Née de l’initiative de ceux qui galèrent chaque jour en Europe,en
faisant face à la xénophobie et aux discriminations, cette charte a
été discuté pendant 4 ans, partout dans le monde, avant de voire sa
rédaction définitive.
Au sein d’assemblées autogérées, discutant des
problèmes qu’on vive au quotidien, de ses propres besoins et espoirs,
des milliers de migrants en Afrique, Amérique Latine, Asie et Europe
ont élaboré le texte et discuté point par point ses paragraphes.
C’est un processus participatif nouveau d’écriture collective qui à
Gorée, grâce à deux jours de discussion très passionnante à laquelle
ont participé 150 migrantes qui ont quitté leur région ou pays « sous
la contrainte ou de son plein gré », a gagné son précieux résultat:
une charte pour la liberté de circuler et de s’installer sans
contraintes. Mais aussi une charte qui détourne l’imaginaire
misérabiliste du migrant qui, dès maintenant, se propose comme un
véritable promoteur de changement social.
Face à un système politique et économique toujours plus injuste et
plus violent, tous ces personnes migrantes réunis à Gorée ont en effet
parlé d’un monde sans murs et sans frontières entre les peuples, un
monde de solidarité qui puisse en terminer avec l’exploitation de tout
être humain. Un monde où toute personne puisse gagner une véritable
citoyenneté dans tous pays dans lesquels on choisit d’aller.
Juste au moment où la politique d’austerity mine partout les droits
sociaux et le welfare, c’est du droit à la santé gratuite, au
logement, à l’éducation, à la participation politique et à la liberté
d’expression qui est demandé pour tous et toutes, n’importe le pays
dans le quel on est né, n’importe la couler de sa peau.
C’est un défi important qui est lancé à tout le monde et qu’on doit
recueillir, en diffusant cette Charte au sein de tous réseaux et
auprès de toutes sièges de pouvoir politique.
Voici quelques extraits de cette précieuse charte.
«Les politiques sécuritaires mise en place par les états nations font
croire que les migrations sont un problème et une menace alors
qu’elles constituent depuis toujours un fait historique naturel,
complexe, certes, mais qui loin d’être une calamité pour les pays de
résidence, constituent un apport économique, social et culturel
inestimable.
Seul une large alliance des personnes migrantes pourra promouvoir
l’émergence de droits nouveau pour tout personne de par sa naissance
sans distinction d’origine, de couleur, de sexe ou de croyance. (…)
Elle devra leur permettre aussi de contribuer à une refonte de la
conception de la territorialité et du système de gouvernance mondial
dominant actuel et son soubassement économique et idéologique ».
«Parce que nous appartenons à la Terre, toute personne a le droit de
pouvoir choisir son lieu de résidence, de rester là ou elle vit ou de
s ‘installer librement sans contrainte dans n’importe quelle partie de
cette terre »
«Toutes dispositions et mesures de restriction limitant la liberté de
circulation et d’installation doivent être abrogées (lois relative aux
visas, laissez-passer, et autorisations, ainsi que toutes autre lois
relatives à la liberté de circulation) ».
«Les personnes migrantes du monde entier doivent joiur des mêmes
droits que les nationaux et citoyens de pays de résidence ou de
transit et assumer les mêmes responsabilités dans tous les domaines
essentielles de la vie économique, politique, culturelle, sociale et
éducative. Ils doivent avoir le droit de voter et d’être éligible à
tout organe ».
«Le travail et la sécurité doivent être assurés à toutes les personnes
migrantes. Quiconque travaille doit être libre d’adhérer à un syndicat
et/ou d’en fonder avec d’autres. Les personnes migra,tes doivent
recevoir un salaire égal à travail égal et doivent avoir la
possibilité de transférer le fruit de leur travail, les prestations
sociales et de jouir de la retraite, sans aucune restriction. »
« Les personnes migrantes ont le droit à l’intégrité physique et à ne
pas être harcelées, expulsées, persécutées, arrêtés arbitrairement ou
tuées en raison de leur statut ou parce qu’ils défendent leurs droits
».
« Toute loi qui prévoit une discrimination fondée sur l’origine
nationale, le genre, la situation matrimoniale et/ou juridique ainsi
que sur les convictions doit être abrogée »
« L’accès aux services de soin et à l’assistance sanitaire doit être
garanti à toutes personnes migrantes au même titre que les nationaux
et les citoyens des pays d’accueil et de transit »
« La loi doit garantir à toute personne migrante le droit de choisir
son partenaire, de fonder une famille et de vivre en famille. Le
regroupement familial ne peut lui être refusé et on ne peut la séparer
ou la maintenir éloignée de ses enfants.
Les femmes, tout particulièrement, doivent être protégées contre toute
forme de violence et de trafic. Elles ont le droit de contrôler leur
propre corps et de rejeter l’exploitation de celui-ci ».
«Les personnes migrantes ambitionnent d’avoir l’opportunité et la
responsabilité, au même titre que les nationaux et les citoyens de
pays d’accueil et de transit, de faire face ensemble aux défis actuels
‘logement, alimentation, santé, épanouissement..) ».