Les caravanes qui croiseront l’Afrique pour y arriver ont déjà laissé leurs points de départ. Les multiples délégations venant des autres continents – dont quelques unes réunissant plusieurs centaines de personnes, d’autres plus modestes à cause du plus long chemin à faire – commencent à fermer leurs valises pour prendre les avions. Les membres des organisations africaines qui « facilitent » la réalisation de cet évènement passent leurs dernières nuits sans dormir pour résoudre les derniers problèmes avant la séance d’ouverture. On ne s’attend pas a un immense Forum, comme le dernier en 2009 à Belem, au Brésil, avec ses 150.000 participants.
Cela par la simples raison qu’autour de 80% de ces participants viennent en général du pays ou région où il a lieu, et le Sénégal a 15 fois moins d’habitants que le Brésil. Mais ce Forum aura du succès dans beaucoup d’autres aspects importants. Les participants des autres pays du monde seront très nombreux. Lula, ex-Président du Brésil, y sera comme citoyen. Le nombre moins important des présents à Dakar sera compensé par un grande nombre de conférences par internet avec des groupes et Forums locaux réunis partout dans le monde (seulement en France il y aura 70 !…) – le « Dakar étendue », une nouvelle dimension décisive des Forums Mondiaux. De même la Diaspora Africaine sera l’objet de plusieurs manifestations la renforçant comme réalité politique.
Les Forums ayant lieu avant le FSM se sont préparés avec une énergie redoublée, comme celui des scientifiques engagés pour la démocratie, dont le premier s’est réalisé en 2009 à Belem et comme celui des théologiens, qui est né avec le premier FSM à Porto Alegre en 2001. Après dix ans d’articulation de la société civile, rendue possible par « le processus FSM », chacune des activités auto-organisées, qui donnent du contenu aux discussions dans l’espace du Forum et aux propositions qu’y sont faites, sont maintenant le résultat de l’association d’un plus grand nombre d’organisations et ont gagné de la densité. L’accumulation des analyses, des dénonciations et des propositions, faites dans les Forums précédents, a permis de voir plus clair les grands dangers qui le monde subit actuellement, de même que la nécessité d’enraciner maintenant la notion d’universalité dans les valeurs du sud du monde, et que l’ensemble des crises vécues aujourd’hui constituent une vraie crise de civilisation.
Beaucoup plus voient chaque fois plus nettement que cela exige des nouveaux paradigmes pour que l’humanité retrouve son chemin vers la paix, la justice et l’amour, et pour que la planète Terre ne soit pas détruite par l’irrationalité de la lutte pour le profit et par une globalisation dictée par les intérêts de l’argent, en détriment des besoins des êtres humains. Les deux jours finaux consacrés au plus de 40 «assemblées de convergence pour l’action » déjà prévues – une autre nouveauté du Forum de 2011 – permettront des nouvelles articulations vers l’action concrète pour changer effectivement le monde. Voilà qu’un important pas en plus sera donné en février à Dakar pour construire l’autre monde possible, qui se montre absolument nécessaire et qui est devenu extrêmement urgent.