L’histoire de l’humanité est jalonnée d’injustices, des plus scandaleuses aux plus terrifiantes. Cependant, il est impensable qu’à l’heure de l’Internet ou les réseaux se créent à travers le globe que certaines injustices comme celles que vivent les personnes en situation de handicap au Sénégal ne trouvent une solution. C’est pourquoi pour une première fois dans l’histoire du forum social mondial, celui de Dakar vient de connaître une forte participation des personnes handicapées venues pour joindre leur voix à toutes celles qui clament un monde de justice, d’égalité de chances, d’accessibilité de tous à tout, un monde sans discrimination et partant un monde meilleur.
En effet, nous nous sommes rendu compte que l’heure à sonner de nous prendre en charge pour combler le gap qui nous sépare des autres personnes. L’handicap ne doit plus être un sujet de discrimination encore moins de stigmatisation. Pour ce, nous faisons appel à la solidarité internationale pour aider à solutionner les difficultés auxquelles nous sommes confrontés au quotidien à savoir :
-L’Accès à l’information
La non prise en compte de certains types d’handicap continu à exclure les personnes handicapées d’accéder à l’information, tel les handicapés visuels qui ne connaissent la constitution de leurs pays parce que non traduite en langage braille. Le manque de traducteur en langage de signe pénalise les sourds muets d’accéder à l’information et bien d’autres encore. Ce blocage empêche cette catégorie d’handicapés d’accéder à l’information et de participer pleinement à la vie citoyenne.
Pire, la difficulté que nous, personnes handicapées éprouvons de faire passer nos messages dans les médias de la place nous exclue d’avantage. Du coup, nos plaidoyers et nos sensibilisations inefficaces parce que n’atteignant pas grand monde. Tenez! La loi d’orientation qui garantie les droits des personnes en situation d’handicap a était votée au parlement mais son application n’est pas effective par le manque du décret d’application qui tarde à être promulgué. Ne disposant d’un canal de communication propre à nous, nous peinons à ce jour de bénéficier des avantages que nous confèrent cette loi.
Et pourtant le Sénégal a ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme ; et celle-ci dispose en son article 1,2,et 7ce qui suit :
Artic1
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Article:7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
De même, la charte Africaine des droites de l’homme ratifié aussi par le Sénégal dispose en son article 9 que :
Article:9
1. Toute personne a droit à l’information.
2. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements.
Ainsi, vous pouvez comprendre qu’au-delà de la discrimination, de la stigmatisation les droits fondamentaux qui nous reconnaissent comme des personnes sont aussi ballonnés.
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-Accessibilité au travail
Malgré le nombre croissant des diplômés handicapés, l’emploi reste une utopie pour nous. Le marché du travail nous est hermétiquement fermé. Le poids des tabous continu à nous discriminer malgré les compétences multiples et variées dont nous faisons montre.
Par exemple, deux personnes en situation de handicap et de profil différent viennent de faire les frais des préjugés injustifiés qui pèsent sur le handicap en se voyant refuser l’accès au travail parce que vivant avec un handicap. L’une est spécialisée en finance et banque et l’autre en éducation inclusive. Et pourtant leurs dossiers avaient étaient sélectionnés, mais le jour ou elles partent pour l’entretien, elles ce sont simplement vues présenter des plates excuses comme quoi il y’a eut erreur d’appréciations que ce n’était le profile recherché. Les tabous ont poussés le recruteur à n’embauché celles considérées comme ne valant grand-chose.
Il est fort consternant qu’aucune voix ne s’élève pour nous défendre. Le comble est que même les o.n.g qui travaillent dans ce sens ne parviennent à développer en concertation avec les personnes en situation de handicap des plaidoyers susceptibles d’enrayer cette injustice du fait de l’inaccessibilité aux conditions qu’elles posent pour recevoir leurs appuis institutionnels et financiers.
Vue l’impossible de créer des sociétés ou travailleraient uniquement des personnes handicapées. Sociétés qui seraient non inclusives et non épanouissantes. Elles fortifieraient l’exclusion sociale, ce qui n’est souhaitable.
– Accessibilité à la santé
La question de la santé est très préoccupante chez nous. Nonobstant les multiples programmes de santé publique qui se développent dans notre pays, aucun à ce jour ne fait des soins de santé une priorité pour nous. La cherté des consultations médicales, la cherté du coût des médicaments, la cherté du coût d’hospitalisation fait que les personnes handicapées se rendent difficilement dans les hôpitaux et même leurs mort est souvent subite parce que ne bénéficiant d’un suivi médical approprié. Il est fort malheureux de constater qu’en ce 21e siècle, que même les soins primaires soient difficilement praticables aux personnes indigentes.
Ceci s’explique d’abord par le manque de subvention de soins pour cette cible vulnérable en opposition aux personnes du troisième âge dont les soins sont devenus gratuits après un décret présidentiel.
Ensuite, le chômage quasi chronique que nous vivons fait de nous la couche sociale la plus pauvre. Aucun programme n’est développé dans le sens de réduire la pauvreté. Le développement des projets d’autonomisation est presque inexistant, encore moins un vrai programme de réinsertion socio- professionnelle.
Enfin, à la vérité rien de solide et de reluisant n’apparaît dans le cadre du soutien à apporter à cette cible. Le semblant d’appui institutionnel est tellement éparpillé que le résultat escompté est proche de zéro.
– Accessibilité à l’éducation
L’éducation est une affaire de tous. Un Etat qui n’éduque et ne forme sont peuple est voué à l’échec. Or, comme nous l’avons dit les personnes en situation d’handicap ne disposent d’aucun travail en majorité donc pas de revenu. Ce qui entraîne leur manque de formation en majorité aussi la non scolarisation de leurs progénitures par manque de subvention ou de facilitation à l’éducation de ces enfants. Conséquence, les parents sont exclus et discriminés et les enfants aussi.
-Accessibilité à l’appareillage
L’appareillage est une question épineuse. Les béquilles, les fauteuils roulant sont trop chers pour nous. Les ordinateurs, imprimantes et les transcripteurs en braille pour aider les handicapés visuels sont aussi hors de portée. La formation des professeurs en langage de signes pour les sourds-muets sont plus qu’urgente pour cette cible.
Voilà résumé la réalité que vit les personnes en situation d’handicap au Sénégal. Réalité qu’elles partagent avec la communauté internationale en appelant à la solidarité de tous. Afin, qu’à l’unissant nous parvenons à développer des solutions susceptible d’aider à changer notre triste réalité. Ceci est un S.0.S lancé à tous ceux qui croient en l’homme. Il est aussi un appel de cœur à tous ceux qui peuvent apporter leurs contributions tant morales que spirituelles pour nous soutenir. Oui, un monde sans inégalité fondé sur le respect de tous est possible