Le comité d’organisation du Forum Social Mondial (FSM) a demandé mardi, au cours d’une conférence de presse, au rectorat de l’université Cheikh Anta Diop de tenir sa promesse d’octroi de salle de classe pour les conférences et débats. «Nous lançons un appel aux autorités de l’université pour que nous ayons accès aux salles», a dit Taoufif Ben Abdalah, membre du comité d’organisation du FSM.
Avec plus de 130 pays du monde représentés, 1 200 activités, et plus de 7 500 participants inscrits, les organisateurs estiment que le taux de participation de cette année est plus important que celui du forum polycentrique de Bamako et celui de Nairobi. Une grande satisfaction a également été tirée de la marche d’ouverture qui a enregistré la participation de plus 70 mille personnes, selon une source policière. Toutefois à cause de quelques problèmes logistiques survenus certaines conférences et quelques débats prévus au courant de cette semaine du Forum Social Mondial, n’ont pas eu lieu ou ont été reportés.
Atelier IPAO sur les problèmes des radios communautaires
Les difficultés auxquelles sont confrontées les radios communautaires ont été au centre des discussions organisées mardi au siège de Enda à Dakar par l’Institut Panos Afrique de l’Ouest (IPAO) dans la cadre du Forum Social Mondial. Chaque intervenant a mis l’accent sur un aspect précis des problèmes des radios communautaires qui sont une soixantaine au Sénégal alors elles sont au nombre de 250 en Côte d’Ivoire. Ils ont évoqué la gouvernance locale, la capitalisation ou encore le passage de l’analogique au numérique. Ainsi, parmi les difficultés auxquelles sont confrontées ces médias, on peut citer l’interdiction du traitement de l’information à caractère politique, la situation précaire du personnel qui travaille dans ces radios, le manque de personnel qualifié et compétent et la quasi absence de financement, d’autant plus qu’elles ne sont pas autorisées à diffuser de la publicité commerciale. Cependant, elles ne sont pas exonérées par rapport aux différentes charges auxquelles elles font face au même titre que les radios à caractère commercial et la Radio télévision sénégalaise (Rts). En réalité, elles ont, dans une certaine mesure, amené les responsables locaux à changer de politique en matière de santé, d’environnement, de formation des citoyens. Les questions d’eau, de genre, d’assainissement, du système éducatif décentralisé n’étaient pas en reste. Encore que leur influence auprès des communautés n’est pas à négliger.
Cri de détresse des paysans sénégalais
Des paysans sénégalais venus du Nord du pays ont raconté hier la spoliation dont ils ont été victime. Venus de Diokoul dans la région de Louga au Nord du Sénégal, Maniang Gueye, Moustapha Nguer et Ibrahima Dieng ont profité de la tribune offerte par l’Institut pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement en Afrique (Cicodev) et le groupe des Verts du parlement européen pour dénoncer « des pratiques esclavagistes ».
Ces paysans spoliés de leurs terres par les autorités gouvernementales dénoncent ainsi l’injustice dont ils sont victimes. Selon Ibrahima Dieng, rares sont les chefs de familles de son village qui arrivent à assurer les trois repas quotidiens à leurs familles. En cause, les prix trop élevés des denrées qu’eux ne peuvent plus cultiver faute de terre.
Ces villageois, paysans de père en fils depuis des générations ont ainsi perdu leurs terres suite à des manœuvres nébuleuses. « On nous a abusé avec un projet de forage » expliquent les paysans qui au bout du compte ont vus leurs champs être clôturés et attribués à des personnalités avec la complicité des conseillers ruraux.
Vers une alliance africaine entre les IMF et les associations de migrants.
Il est organisé depuis le 7 février 2011 au Cybercafé du campus SINKOU à l’ occasion du Forum Social Mondial un atelier de trois jours à l’intention des institutions de Microfinance et des représentants d’associations de migrants d’Europe. Les plus grandes organisations de la diaspora africaine de 10 pays d’Europe avec les 10 institutions microfinance leaders d’Afrique subsaharienne de l’INAFI INTERNATIONAL prennent part aux travaux.
L’objectif est de contribuer au renforcement des capacités des associations de migrants basées dans dix pays de l’Union européenne pour qu’elles soutiennent activement le développement dans leurs pays d’origine et faire en sorte que les institutions de microfinance (IMF) puissent offrir aux migrants des transferts d’argent plus surs et moins chers dans dix pays d’Afrique subsaharienne
Une alliance sera formée au cours de la rencontre dans la perspective d’une prochaine conférence d’Accra en juin 2011. Cette alliance aura donc pour but de permettre aux migrants de participer au développement de leur pays en ayant la possibilité de transférer de l’argent à moindre cout. Selon Jean Pouit manageur du projet 1133 agences et 3,5 millions d’épargnants sont concernés. Les responsables envisagent aussi d’offrir une plate forme Internet et Mobile Banking permettant aux migrants de gérer leur épargne à distance dans leur pays d’origine et ainsi de transformer les couteux virements internationaux en un simple retrait en ligne quasiment gratuit mais ceci dans le cadre et les limites de la réglementation en vigueur dans les pays respectifs.
Le FSM c’est aussi des inventions
Le Forum Social Mondial est aussi un espace sur lequel s’exposent des inventions. et le génie africain s’exprime à travers des instruments peu ordinaires. D’abord le Canacla (acronyme de CANAri à CLApet, comme expliqué sur un prospectus)
Il s’agit d’une « nouvelle technologie de lavage des mains » faite de canaris inventée par des sénégalais et un belge, Dr Benoit Vanhercke. Selon une source proche des inventeurs, «il utilise 30 fois moins d’eau pour beaucoup plus d’hygiène ».
On peut également voir le tabouret à déchets plastiques recyclés. L’idée des inventeurs est de lutter pour la sauvegarde de l’environnement à travers le recyclage des déchets plastiques avec lesquels ils fabriquent des tabourets, des bancs publics et des poubelles. «Les produits plastiques peuvent être récupérés, valorisés et utilisés pour la fabrication de nouveaux produits », soutient les initiateurs qui proposent « une solution écologique durable ».
Pas de capitaliste au FSM
Une polémique concernant la présence d’une multinationale capitaliste au Forum Social Mondial fait couler beaucoup d’encre et de salive au FSM. Certaines personnes n’arrivent pas à concevoir que les portes du Forum Social Mondial qui préconise la lutte contre l’impérialisme des capitaliste et la défense des peuples victimes de toutes sortes de spoliations soient ouvertes à la société brésilienne du nom de Petrobraz
Mignane Diouf, un des organisateurs du Forum nie toute accointance avec une quelconque entité capitaliste « La société brésilienne Petrobraz fait partie intégrante de la délégation du Brésil» avance t-il. «Les pays qui déplacent des délégations ont toute la latitude pour choisir leurs membres. Ils sont libres de compter parmi eux des syndicats, des associations, des mouvements et autres, nous ne pouvons l’interdire» renchérit t-il. Taoufik Ben Abdallah a tenu a nier l’information selon laquelle la multinationale brésilienne disposerait d’un stand dans l’espace occupé par le Forum Social Mondial« Il y a une tente portant le nom de la maison du brésil réservée à la délégation brésilienne et non à cette société », signifie t-il. Mignane Diouf a souligné que l’organisation a refusé l’argent offert par des sociétés étrangères ou Sénégalaises.
Femmes animatrices de stands: Pas que du commerce !
Une vingtaine de stands est occupée par des associations, regroupements, organisations non gouvernementales des coopératives et autres réseaux de femmes sur le site de l’université Cheikh Anta Diop, dans le cadre du 11 ème Forum Social Mondial. Des stands qui attirent d’abord par leur achalandage que par les idéaux véhiculées par leurs occupantes. Mais lorsque l’on s’intéresse de près à ces stands, on se rend compte que les structures féminines qui les occupent ne sont pas là seulement que pour faire du commerce.
Certes, les pagnes, les chaussures, les chaînes, les colliers, les poteries et autres fruits et produits transformés sont les attraits, mais l’essentiel ne s’y trouve pas comme nous l’ont fait comprendre plusieurs occupantes de stands.
Les produits pour être visibles, pour montrer ce qu’elles savent faire et attirer vers elles des visiteurs et leurs parler ensuite de leurs préoccupation semblent être la stratégie adoptée.
Le forum c’est aussi le «business »
L’esplanade de l’Ucad 2 est devenue le marché du donner et du recevoir avec des acteurs soucieux de faire fonctionner les échanges commerciaux. Ils profitent de cette occasion où le monde entier est réuni pour montrer leur savoir faire. « Nous sommes là pour véhiculer un certain civisme alimentaire et promouvoir la consommation locale, éviter aux africains de toujours recourir à l’exportation des produits que nous pouvons nous même produire et transformer», a déclaré M’beye Sène, responsable chargé d’animer le stand de la structure spécialisée dans la transformation de produit laitier.
Des femmes exposent des produits locaux comme le mil, les arachides, la poudre de baobab qu’elles transforment pour donner forme à un nouveau produit local.
Pour l’association des handicapés du Sénégal, le forum peut être aussi une source de revenu, c’est pourquoi ses membres ont choisi l’esplanade de l’université pour présenter des produits de leur association. Les artisans du village de Soumbedioune au Sénégal, disent avoir leur plus grande part de marché avec la clientèle étrangère que locale.