Du 2 au 4 Février 2011, se tiendra Su l’ile de Gorée( Sénégal) une rencontre Mondiale des Migrants en vue d’amender et adopter la Charte Mondiale des Migrant
Principes et visions
La Charte Mondiale des migrants est un processus de restitution de la parole des migrants souvent confisquée. Il s’agit de permettre aux individus migrants à partir de leurs situations, leurs vécus et leurs trajectoires d’exprimer leurs visions du monde.
L’idée est d’élaborer collectivement une charte de principes proclamant la liberté de circulation et d’installation des êtres humains sur l’ensemble de notre planète.
Ce processus est animé exclusivement par des migrants à titre individuel quelques soient leurs appartenances organisationnelles, culturelles, ethniques ou religieuses en vue de partager et de confronter leurs visions du monde dans le cadre d’une démarche collective et participative à l’échelle planétaire.
Ce projet est né d’une proposition d’un migrant « sans papiers » lors d’une lutte engagée par 120 familles ainsi que leurs enfants en 2006 à Marseille en vue d’obtenir des titres de séjours en France. A la suite, un collectif s’est constitué pour rédiger une Charte. Ce fut la première apparition d’une telle idée qui consiste à permettre aux migrants eux-mêmes l’écriture d’une charte de principes leur permettant simultanément d’exprimer leur vision de la citoyenneté à partir de situations qui leur sont imposées par des politiques gouvernementales souvent répressives.
Contexte historique
– 2006-2008 : une phase d’écriture collective
La première proposition de Charte écrite à Marseille a été présentée au 2em Forum Social Mondial des Migrations en juin 2006 à Rivas Madrid (Espagne) et au premier sommet mondial des migrants latino-américains à Morelia au Mexique en mai 2007.
Très rapidement nous nous sommes engagés à associer le maximum de migrants rencontrés à ces occasions dans la rédaction collective à l’échelle du monde d’une charte de principes à l’image de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou de la Charte des Responsabilités Humaines.
– 2008-2010 : une phase organisationnelle
L’enthousiasme qui s’est manifesté à travers ces rencontres nous a permis de constituer, durant ces deux années, une coordination internationale ce qui a permis l’émergence d’autres propositions de chartes venant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Au fil du temps, cette coordination de migrants s’est consolidé et a permis la naissance de 4 coordinations continentales : la coordination Européenne, Africaine, Asiatique et Latino Américaine. Ces coordinations ont pour vocation d’animer le travail d’écritures collectives et la mise en place de plusieurs assemblées locales permettant les discussions et les échanges entre les migrants.
A partir de ces 4 propositions de Charte, un groupe de travail émanant de la coordination internationale a élaboré une synthèse en cours de diffusion depuis le mois de septembre 2010 dans toutes les assemblées locales afin de relancer la discussion à l’échelle mondiale en vue la discussion finale de février 2011.
Une Charte pour quoi faire ?
Beaucoup se sont demandés pourquoi ce projet de Charte Mondiale des Migrants ? N’est-il pas un projet de plus ? alors que tant de conventions et de documents de qualité existent de par le monde et qui ont pris le soin non seulement d’analyser le phénomène des flux migratoires, de refléter avec précision la situation et les difficultés dans lesquelles se trouvaient les migrants et d’identifier les droits qui doivent être attribués à des millions d’hommes et de femmes qui circulent à travers le monde.
Il ne s’agit pas pour nous autres de faire de ce projet un projet de plus. Le projet d’une écriture collective de la charte mondiale des migrants à l’échelle planétaire est une innovation en soi car de tous les textes qui existent aucun n’a été écrit par les migrants eux-mêmes.
Notre démarche est un véritable défi à relever qui consiste à permettre à toutes celles et tous ceux qui ont connu toutes les formes de déplacement, qu’elles soient sous la contrainte, pour des raisons économiques ou par choix personnel, de pouvoir établir à travers leurs vécus et leurs expériences une charte de principes qui pose la question d’un certain nombre de droits fondamentaux :
– Le premier d’entre eux est celui de la liberté de se déplacer sur notre planète et de s’installer librement où on le souhaite au même titre que les droits qui sont accordés à la libre circulation des marchandises et des capitaux.
– Le second est l’égalité de droits dans tous les domaines de la vie entre migrants et nationaux dans les pays d’accueil.
– l’exercice par tous d’une pleine citoyenneté fondée sur la résidence et non la nationalité.
Nous voyons bien qu’à travers ce projet, les migrants souhaitent mettre à l’ordre du jour la question de la libre circulation et installation pour tous sur l’ensemble de notre planète.
Comment y parvenir ?
Il est certain qu’avec ce projet, nous sommes dans la construction de nouvelles pratiques qui rompent avec la délégation et qui appelle à l’imaginaire et à la capacité créatrice de chaque individu.
De multiples réunions ont été tenues un peu partout pour à la fois présenter le projet et susciter des vocations d’écriture de propositions de chartes.
Des assemblées locales et continentales sont programmées pour amender le texte final de la charte et désigner les migrants qui vont participr à l’Assemblée mondiale des Migrants à Gorée les 3 et 4 février 2011
Gorée 2011 : le retour vers l’Humanité
Afin que cette Charte représente la vision de tous les migrants, il est indispensable de créer une Charte unique.
Les animateurs de la charte ont donc choisi d’organiser une Assemblée Mondiale des Migrants sur l’île de Gorée (Sénégal) quelques jours avant le Forum Social Mondial (3 et 4février 2011) afin d’adopter après deux jours de discussions réunissant des migrants du monde entier la Charte finale afin de la diffuser au niveau mondial et la première occasion ce sera lors du FSM.
L’île de Gorée est un lieu symbolique et chargé d’histoire. Ce lieu où on a enlevé toute humanité aux personnes en les enchaînant et les enfermant dans des cales de bateaux afin de les envoyer comme esclaves vers l’Amérique ou ailleurs, semble le lieu le plus approprié pour organiser un retour vers l’humanité auparavant confisqué.
La rencontre d’une centaine de migrants du monde entier, issus des assemblées locales à l’échelle mondiale, dont parmi eux, vraisemblablement des descendants d’esclaves mais aussi des descendants d’esclavagistes, a pour objectif d’adopter ensemble la charte mondiale des migrants mais aussi de réfléchir aux perspectives que veulent donner les participants à ce processus.
Réfléchir aussi sur comment donner des prolongements au processus avec des mécanismes et des protocoles de fonctionnement permettant la promotion de la charte et par conséquent la participation des migrants à l’émergence d’un nouveau monde pluriel, solidaire et responsable
Outils
L’appui de la fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme (www.fph.ch) a permis aux animateurs de la charte de se doter d’outils de communication afin de populariser le projet de la charte à travers un site Web : www.cmmigrants.org et www.cmmigrants.org/goree ainsi que la mise en place d’un comité d’organisation logistique de l’Assemblée Mondiale des Migrants