Plus de deux cents personnes se sont réunies à Dakar ce 8 février pour échanger sur les défis posés par le G8 et le G20. Les débats ont été riches et ont une nouvelle fois mis en évidence l’illégitimité du G8 comme du G20.
Participants et intervenants ont rappelé que seules les Nations unies – 192 Etats – constituent un forum légitime pour traiter des questions à l’ordre du jour du G20 : la gouvernance économique mondiale, la sécurité alimentaire et le financement du développement notamment.
Un écran de fumée
Le G20 s’est approprié des thèmes qui étaient portés depuis de nombreuses années par la société civile : paradis fiscaux, taxe sur les transactions financières, régulation du prix des matières premières agricoles, pour n’en citer que quelques uns. Mais c’est un écran de fumée : le bilan du G20 reste jusqu’à présent très maigre.
Le cas des paradis fiscaux est emblématique de ces supercheries. Il suffit en effet à un Etat de signer un traité d’échange d’informations et de transparence avec 12 pays pour ne plus être considéré comme paradis fiscal. La plupart des paradis fiscaux ont donc signé de tels accords avec des pays dont les ressortissants de déposent pas d’argent dans les paradis fiscaux… Ainsi, pas d’informations à échanger !
S’unir pour convaincre
Il y a donc bien peu de choses derrière les discours séduisants des chefs d’Etats. Comment convaincre et changer le rapport de forces, dans un monde où les intérêts des élites politiques et financières convergent bien souvent ?
S’unir, construire des alliances, créer des ponts et des solidarités entre les luttes et les mobilisations… Les appels en ce sens ont été unanimes. Il faut développer de nouvelles façons de contrer le capitalisme, dans un contexte où les gouvernements européens n’ont qu’un mot à la bouche : austérité.
Vers un G172 ?
Que faire ? Organiser un G172, excluant les pays du G20, pour leur damer le pion ? Organiser un référendum en ligne pour que les peuples puissent faire entendre leurs voix ? Comment faire converger les synergies autour d’un slogan mobilisateur? Ces questions seront discutées jeudi matin, 10 février, lors d’une assemblée du FSM consacrée au G8/G20. A suivre donc…
L’Appel de Dakar
Réunis à Dakar dans le cadre de l’assemblée de convergence pour l’action G8/G20 du forum social mondial, nous, mouvements sociaux, syndicats, associations de solidarité internationale, femmes et hommes de tous les continents appelons à une large mobilisation populaire lors du G8 des 26-27 mai à Deauville et du G20 des 3-4 novembre à Cannes.
A Dakar, nous avons débattu sur la manière de faire face aux crises sociale, écologique, économique et géopolitique qui, ensemble, constituent une véritable crise de civilisation. Le G20 est constitué de 20 pays parmi les plus riches au mépris de tous les autres. Il s’est autoproclamé garant de la stabilité économique et financière mondiale au lendemain de la tempête financière de 2008, mais n’a en rien protégé les peuples de cette grande crise. Au contraire, il a maintenu la dictature de la finance qui déploie son emprise sur tous les aspects de notre existence : logement, travail, éducation, agriculture, climat, retraites, connaissance, biodiversité… Par son action, il renforce les acteurs et les mécanismes à l’origine de ces crises, tout en faisant payer la note aux citoyens.
Nous savons que des réponses solidaires et démocratiques à la crise mondiale ne viendront pas des dirigeants des pays les plus riches, mais des peuples eux-mêmes. Nous refusons de laisser aux puissants le droit d’imposer leurs solutions à des crises qu’ils ont engendrées.
C’est pourquoi, nous appelons à faire des G8 et G20 en France des moments de convergence de toutes les résistances : luttes contre l’opacité et la dérégulation de la finance, contre la dette illégitime au Nord comme au Sud, contre les politiques d’austérité et pour les services publics, contre les fausses solutions au changement climatique et pour des modes de production et de consommation qui préservent la planète, contre la précarité et pour un travail décent, contre la spéculation sur les matières premières et pour la souveraineté alimentaire, contre les dictatures, la militarisation et le colonialisme et pour les droits démocratiques des peuples… Nos mouvements font la démonstration par leurs pratiques et leurs propositions que des voies alternatives existent. L’accès de tous aux droits humains fondamentaux et la protection de notre planète passent par un juste partage des richesses, d’autres modes de développement et une gestion démocratique des biens communs.
A l’occasion de la tenue des sommets du G8 et du G20 en France, nous appelons au rassemblement des mouvements, réseaux et organisations. Nous nous appuierons sur la diversité et la complémentarité de leurs formes de réflexion et de leurs modes d’action pour organiser diverses initiatives pour une vaste mobilisation citoyenne internationale.