Foto: Wangari Maathai, Nobel de la Paix 2004
De nombreuses études confirment les rôles essentiels et déterminants qu’ont joués et que peuvent encore jouer les femmes africaines dans la prévention et la résolution des conflits comme dans la promotion d’une culture de la paix et ce, en s’appuyant sur des méthodes traditionnelles.
Bien que différentes en raison des contextes géographiques et culturels, il y a des tendances universelles inhérentes à la contribution des femmes en faveur de la paix et de la résolution des conflits. Les constatations relatives au rôle des femmes africaines peuvent être utiles aux femmes et aux hommes d’autres continents qui luttent pour trouver des alternatives à la violence et à la guerre.
Les femmes sont souvent perçues comme des vecteurs qui transmettent des valeurs culturelles aux générations futures, au moyen d’expressions artistiques telles que la chanson, la danse et les récits folkloriques. Mais elles sont aussi des intermédiaires dans des situations de conflit, participant à des missions de reconnaissance pour évaluer les possibilités de paix. Elles sont également des passerelles entre des communautés ennemies ou en guerre, notamment en faveur de mariages intercommunautaires. Des préjugés traditionnels en font l’incarnation de modèles de bonté et de tendresse, même si on sait qu’elles ont participé activement aux guerres d’indépendance et à d’autres types de combat. Riches d’expériences et d’enseignements, souvent acquis sur le tas, elles demeurent marginalisées dans les tribunes officielles où les décisions sont prises au-delà du niveau communautaire. Dans beaucoup de sociétés africaines comme ailleurs dans le monde, à l’issue des combats et des conflits et malgré leur participation active à la cessation des hostilités, elles sont souvent reléguées au second plan et marginalisées, tant au niveau des négociations officielles de paix qu’à celui de la reconstruction des sociétés ravagées par la guerre. Étape historique donc que la résolution 1325 (pdf) sur les femmes, la paix et la sécurité adoptée en octobre 2000 par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Les femmes s’intéressent aussi à la prévention des conflits violents. En plus des victimes et des morts dénombrés parmi toutes les couches de la population lors d’affrontements violents, les inégalités existantes entre les hommes et les femmes n’ont fait que s’aggraver. Les femmes et les filles sont souvent forcées d’émigrer et sont victimes de crimes sexuels et d’atteintes à leurs droits humains et à leur dignité. Les femmes et les enfants représentent aussi plus des trois-quarts des 40 millions de personnes déplacées à la suite de violents conflits dans le monde.
En 1999, lors de la Conférence panafricaine des femmes pour une culture de la paix et de la non-violence organisée à Zanzibar par l’UNESCO, des femmes de 53 pays africains rendaient publique la Déclaration de Zanzibar, en regrettant que les négociations de paix aient été dominées par les hommes, indépendamment des efforts et des initiatives des femmes pour résoudre les conflits et promouvoir la paix sur le continent. Elles s’engageaient à mettre sur pied des consultations, des recherches et une coopération afin de développer une approche globale et sexospécifique de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits. Elles en appellaient aussi aux organismes institutionnels, régionaux et internationaux à soutenir leurs efforts de construction et de rétablissement de la paix. Leur aspiration est de renforcer les capacités des “enfants du monde” à empêcher que les différends ne dégénèrent en de violents conflits, que les conflits existants ne s’enveniment et que ceux qui sont sur le point d’éclater ne soient pas activés. Elles voudraient finalement développer des solutions de rechange pacifiques et sexospécifiques.