Manifestation contre le gouvernement Temer le 10 juin à Recife. CC : Ninja Midia.
Le 31 août, le Sénat brésilien a voté la destitution de la présidente Dilma Roussef, cinq mois après l’ouverture de la procédure d’impeachement à son encontre. Ce qui est reproché à la présidente issue du Parti des travailleurs (PT) n’est pas directement lié aux affaires de corruption qui touchent un nombre important de députés et de sénateurs brésiliens, en particulier ceux ayant voté la destitution. Ce que les sénateurs considèrent comme un “crime de responsabilité” – seul à même de justifier la destitution d’un président selon la constitution brésilienne – sont des manipulations budgétaires et comptables destinées à dégager des crédits supplémentaires pour financer les dépenses publiques.
Or, le 2 septembre, soit à peine deux jours après le vote du Sénat, le nouveau gouvernement de droite présidé par l’ancien vice-président Michel Temer promulgue une loi qui l’autorise justement à procéder à ces manipulations comptables. Sans risquer, à l’avenir, d’être destitué pour autant…
Le texte a été approuvé le 23 août par le Congrès brésilien, en majorité à droite, qui avait également voté à une large majorité l’ouverture de la procédure de destitution de Dilma Roussef le 17 avril. La nouvelle loi autorise désormais le gouvernement à dégager sur simple décret des crédits supplémentaires à ceux initialement votés, sans avoir besoin d’en référer au Congrès. « L’ouverture de crédits supplémentaires sans autorisation du Congrès a été l’un des motifs principaux des parlementaires qui ont soutenu l’impeachment de Dilma Roussef », souligne le parti de gauche brésilien Psol. « Le coup a donc été justifié par quelque chose, qui, deux jours plus tard, devient légal. »
La France n’a toujours pas officiellement réagi à la destitution de la présidente brésilienne. Pas plus que Bruxelles. Seuls des députés européens de Podemos ont dénoncé l’illégitimité du nouvel exécutif brésilien. Exécutif non élu qui a déjà lancé une série de réformes économiques d’obédience purement néolibérale : réforme des retraites, baisse des dépenses publiques d’éducation et de santé, attaques contre les droits des travailleurs et privatisation des gisements de pétrole.