C’est un énorme revers pour l’administration Trump, mais surtout une immense victoire pour les tribus amérindiennes et les défenseurs de l’environnement. Un juge du District de Columbia aux États-Unis a ordonné, le 6 juillet, que l’oléoduc Dakota Access cesse ses activités dans un délai d’un mois. « Aujourd’hui est un jour historique pour la nation sioux de Standing Rock et toutes les personnes qui nous ont soutenus tout au long de notre bataille contre le pipeline », a déclaré Mike Faith, président du Conseil de la nation de Standing Rock.
« Il a fallu quatre longues années, mais aujourd’hui, justice a été faite à Standing Rock », a réagi Jan Hasselman, avocat du groupe Earthjustice, qui a représenté la nation sioux devant les tribunaux.« Si les événements de 2020 nous ont appris quelque chose, c’est que la santé et la justice doivent être prioritaires dès le début de tout processus décisionnel si nous voulons éviter une crise par la suite ».
Une exploitation à l’arrêt pendant treize mois au minimum
L’oléoduc Dakota Access doit amener, sur près de 1900 kilomètres, le pétrole de schiste extrait dans le Dakota du Nord vers l’Est des États-Unis. Or, une portion de cette infrastructure doit traverser des terres ancestrales des Sioux, menaçant leurs sources d’eau potable. Alors que le Corps des ingénieurs de l’armée américaine avait conclu que l’oléoduc ne représentait pas une menace « importante » pour l’environnement, le juge Boasberg avait demandé en mars dernier un réexamen du tracé de l’oléoduc. Il avait alors accordé un mois aux deux parties pour le convaincre de suspendre ou non les activités du Dakota Access. Dans une décision de 24 pages rendue le 6 juillet, le juge s’est rangé du côté de la nation sioux de Standing Rock et de Cheyenne River.
Cliquez sur l’image ci dessous pour télécharger le jugement opposant les tribus sioux de Standing Rock et Cheyenne River aux promoteurs de l’oléoduc Dakota Access.
La Cour annule le permis de l’entreprise Energy Transfer en vertu duquel du pétrole peut être transporté par l’oléoduc Dakota Access sous le lac Oahe, qui fait partie du territoire de Standing Rock. « Compte tenu de la gravité des erreurs commises par le Corps des ingénieurs de l’armée américaine en regard de la NEPA [la loi nationale américaine sur l’environnement], […] des dommages potentiels que représente cet oléoduc chaque jour, la Cour est forcée de conclure que le flux de pétrole du Dakota Access doit cesser », note-t-il. Face aux risques de fuite de pétrole, il suspend le permis d’exploitation et demande l’arrêt de l’écoulement du pétrole d’ici début août. L’exploitation de l’oléoluc pourrait reprendre, sous réserve de l’étude d’impact environnemental complémentaire qui ne devrait pas être rendue avant treize mois.
La fin des infrastructures pétrolières et gazières à grande échelle ?
« Nous allons immédiatement poursuivre toutes les procédures légales et administratives disponibles et nous sommes confiants qu’une fois que la loi et les faits seront pleinement pris en compte, le Dakota Access Pipeline ne sera pas fermé et que le pétrole continuera à couler » a déclaré Energy Transfer dans un communiqué. L’entreprise a ainsi fait part de son intention de déposer une requête en suspension et, si celle-ci n’était pas accordée, de faire appel du jugement.
L’administration Trump, qui avait relancé le projet après que celui-ci ait été bloqué sous l’administration Obama, a également critiqué la décision du juge. « Il est décevant qu’une fois de plus, un projet d’infrastructure énergétique qui fournit des milliers d’emplois et des millions de dollars de revenus économiques ait été fermé par le lobby environnemental bien financé, qui utilise le système judiciaire de notre pays pour faire avancer son programme », a déclaré le secrétaire américain à l’énergie, Dan Brouillette.
La suspension du Dakota Access intervient au lendemain de l’abandon par deux géants américains de l’énergie, Duke Energy et Dominion Energy, de la construction d’un gazoduc traversant la chaîne montagneuse des Appalaches, au terme d’une multitude de recours judiciaires. Le coût du projet, initialement estimé à 4,5 milliards de dollars, était désormais évalué à 8 milliards de dollars Les dirigeants de ces sociétés déplorent « l’incertitude juridique croissante qui prévaut dans le développement d’infrastructures énergétiques et industrielles à grande échelle aux États-Unis ».
Basta! Radicalement Indépendant
Photo de une : No DAPL/Twitter