Face à la crise, prendre le tournant des solidarités

Tous les deux ans depuis 2000, le Centre de recherche et d’information pour le développement (CRID) organise avec ses membres et de nombreux partenaires du Nord, du Sud et d’Europe de l’Est, l’Université d’été de la solidarité internationale.

Renforcer les connaissances des militants des organisations qui mènent des actions de solidarité internationale, échanger autour des analyses et expériences de chacun de ces acteurs, créer des synergies pour un développement véritablement durable au Nord comme au Sud, tels sont les enjeux de ces Universités d’été.

La prochaine Université d’été aura lieu du 7 au 10 juillet 2010 sur le campus universitaire de Bordeaux 3 à Pessac. Et pour cette 10ème année, les plus de 800 participants attendus échangeront notamment autour du thème « Ecologie, social, libertés : la solidarité internationale comme sortie de crises ». Ce sera d’ailleurs l’objet de la table-ronde d’ouverture pour laquelle sont invités Edgar Morin (France), Leila Shahid (Palestine), Vinod Raina (Inde), Madjiguène Cissé (Sénégal), Camila Moreno (Brésil) et Hervé Kempf (France).

Le thème

Ecologique, sociale et économique, géopolitique, politique et idéologique : les dimensions de la crise sont multiples. Et il est essentiel de se saisir de ces éléments dans leur globalité : côté pile, productivisme, gaspillage et explosion des inégalités ; côté face, pauvreté, souffrance, épuisement des ressources, dérèglements du climat, extinction des espèces.

La crise écologique ne se résume donc pas à des questions environnementales en apparence résolubles avec des solutions techniques ou économiques ; elle est intimement liée au productivisme hérité de la Révolution industrielle. Ce modèle, qui vise avant tout la réalisation de profits, met au second plan les aspects sociaux, environnementaux et culturels, en particulier le respect des droits humains et la gestion soutenable des écosystèmes. Il se propage et se renforce grâce à la marchandisation de toutes les ressources naturelles et de toutes les sphères des activités humaines.

Si cette crise globale est mondiale, son fardeau est bien mal réparti : le contrecoup de l’effondrement financier, ce sont 90 millions de personnes supplémentaires qui tombent dans la pauvreté, principalement dans les pays du Sud ; la facture de la crise écologique, ce sont les plus pauvres qui la paient encore à la Nouvelle Orléans après le passage de Katrina ; la destruction de l’environnement et du climat, c’est pour beaucoup de paysans du Sud l’impossibilité de continuer à vivre sur leurs terres.

Opportunites et defis pour des alternatives

Urgence écologique, urgence sociale, urgence démocratique : la crise marque l’essoufflement, voire l’effondrement d’un système, et d’une certaine manière, confirme les critiques et les remises en cause portées ces 20 dernières années par associations, mouvements et alternatives sociaux, populaires et citoyens.

A l’heure où la solidarité peut devenir un délit, où les mouvements sociaux sont criminalisés et les libertés restreintes par des politiques sécuritaires, alors que les contraintes du modèle de production et d’organisation du travail pèsent sur nos libertés, voire remettent en cause le sens même de nos existences, ces alternatives doivent être le levier du changement, capable de peser sur la communauté internationale et d’opérer de véritables transformations sociales.

Si la crise globale aggrave les inégalités, la pauvreté et les discriminations, elle offre aussi des opportunités : le capitalisme néolibéral est fortement ébranlé, le défi est de faire entendre l’exigence d’un autre mode de développement économique et social, d’imposer des règles contraignantes à la folie financière et à la concurrence débridée, de remettre au centre le bien être humain et la protection de la biosphère, de tisser des relations internationales solidaires.

LA SOLIDARITE INTERNATIONALE COMME SORTIE DE CRISES ?

Dans un tel contexte, la solidarité internationale doit être considérée comme un enjeu crucial pour une sortie durable de la crise, prise dans toutes ses dimensions et sa complexité.

La solidarité internationale comme sortie de crises, c’est refuser que la crise soit payée par les pauvres et les pays pauvres, reconnaître la responsabilité des pays riches et exiger une justice sociale et environnementale.

La solidarité internationale comme sortie de crises, c’est questionner la gouvernance mondiale, le rôle des institutions internationales, mettre les acteurs face à leurs responsabilités (Etats, entreprises,…), mais aussi exiger la participation démocratique des citoyens.

La solidarité internationale comme sortie de crises, c’est empêcher les atteintes aux libertés démocratiques et le danger que l’urgence de la situation, notamment écologique, induise des décisions autoritaires.

La solidarité internationale comme sortie de crises, c’est refuser les fausses solutions : relance productiviste, expulsions des migrants, agrocarburants, et explorer des dynamiques liant toutes les dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale.

La solidarité internationale comme sortie de crises, c’est, enfin, prendre conscience que notre modèle de croissance, notre mode de vie, nous mènent dans une impasse, et redéfinir des modes de production et de consommation afin qu’ils soient écologiquement soutenables et socialement justes.

Partenaires

Plus de 40 partenaires internationaux seront présents, représentants d’organisations des sociétés civiles de 30 pays : Afrique du Sud, Algérie, Belgique, Bénin, Bolivie, Brésil, Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Colombie, Cuba, Equateur, Gabon, Grande-Bretagne, Hongrie, Inde, Israël, Kenya, Mali, Maroc, Nicaragua, Niger, Pakistan, Palestine, Philippines, République démocratique du Congo, Sénégal Slovaquie, Thaïlande, Togo. Par leurs témoignages et leurs analyses, ces partenaires donneront à cet événement une pertinence et une ampleur inégalées sur ce thème en France. D’autant plus que c’est aussi dans la perspective du G20 qui aura lieu en France en 2011, que se préparent ces journées.

Enfin, cette Université d’été est également un temps décentralisé du processus du Forum social mondial 2010, le seul qui aura lieu en France, et qui s’inscrit donc dans une dynamique de préparation du Forum social mondial qui aura lieu à Dakar début 2011.

Contact presse : Lucille Thiebot (CRID) // l.thiebot@crid.asso.fr // 01 44 72 89 67

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